Tributaire de l’accès aux eaux britanniques pour 50 % de sa production, la filière de la pêche bretonne (et de la pêche européenne dans son ensemble) s’inquiète. Le point sur les incidences du Brexit sur la pêche européenne et française.
Brexit conséquences : un accès restreint voire interdit aux eaux britanniques pour les bateaux de l’UE…
Si, à quelques mois de la date officielle de sortie de l’UE du Royaume-Uni (29 mars 2019), de nombreux sujets préoccupent les 27 (modalités des échanges de personnes, capitaux, services, etc.), la pêche constitue aussi un souci majeur. Les pêcheurs craignent, à juste titre, de ne plus pouvoir accéder aux eaux britanniques.
Dépendante à 30 % de la pêche dans des eaux considérées comme les plus poissonneuses d’Europe, la France mais aussi d’autres pays redoutent les conséquences du Brexit. Les états membres de l’UE les plus concernés (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Irlande, Pays-Bas, Pologne et suède) ont formé une coalition chargée de défendre leurs droits auprès du Parlement européen : l’European Fisheries Alliance (EUFA). Représentant 3 500 bateaux et 18 000 pêcheurs, l’EUFA souhaite, entre autres objectifs, la gestion commune des stocks, dans la continuité de la politique commune de la pêche.
Dans son livre blanc ‘Sustainable fisheries for future generations’ publié en juillet 2018, le ministre britannique de l’Environnement Michael Gove affirme sa volonté de décider unilatéralement de l’accès à ses eaux territoriales par les bateaux de l’UE. Il argue que la Politique commune de la pêche est incompatible avec les ressources des eaux britanniques. Il veut pouvoir décider qui peut accéder à ses eaux après 2020 et à quelles conditions. Il a ainsi déclaré : « Pour la première fois depuis plus de quarante ans, l’accès aux eaux britanniques ne dépendra que de nous, sera sous notre contrôle, dans l’intérêt des pêcheurs britanniques ».
En sa faveur, un rapport du Centre de la mer NAFFC dans les Shetlands sur la période 2011-2015. Ce rapport pointe la disproportion flagrante entre la pêche de l’UE dans les eaux britanniques et celle des bateaux britanniques dans les eaux de l’UE : 700 000 tonnes de poissons et fruits de mer contre 92 000 tonnes/an !
Alors que Londres veut continuer à vendre sa production en Europe….
Les négociations, sous l’égide du groupe de travail mené par Michel Barnier, sont tendues. Si le Royaume-Uni veut exporter ses poissons en Europe (75 % actuellement dont 40 % pour la France), il doit autoriser librement l’accès aux bateaux européens.Si la ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau assure que les pays membres de l’UE ont « avancé sur 90 % du projet d’accord de retrait », les négociations sur la pêche et les autres sujets sont toujours dans l’impasse.
Après le rejet unanime du plan de sortie à Salzbourg (21/09/18) et le nouvel échec des négociations à Bruxelles (17 octobre), notamment concernant la question de la frontière irlandaise, la perspective d’un ‘no deal’ n’est malheureusement pas inenvisageable. Quant à l’option d’un 2ème référendum (après celui de juin 2016), elle est clairement rejetée par Theresa May malgré les manifestations de très nombreux britanniques. La réponse dans tous les cas avant la fin décembre 2018.